samedi 28 novembre 2009

Charles Boyer et Louis Jourdan : est-il toujours suave d'être un French Lover ?

Le post fort récent et je crois même ci-dessous, montrant le jeune Louis Jourdan offrir son corps au soleil ayant ému certaines de nos suaves lectrices, il nous a semblé important de faire le point sur une profession, qu'on croyait à tort disparue : le French Lover.

Il semblerait qu'on doive à Charles Boyer (1899-1978) les caractéristiques principales qui permirent par la suite de différencier le séducteur hexagonal de son lointain cousin parfois ibérique : le Latin Lover. Car dès son arrivée à Hollywood, ce natif de Figeac dans le Lot, élève au conservatoire de Paris se distingua de trois façons : en n'étant jamais vu mal habillé, sans cigarette et sans une partenaire de premier choix.



C'est ainsi qu'au cours de sa longue carrière, il prit dans ses bras des créatures aussi diverses que Greta Garbo, Ingrid Bergman, Claudette Colbert (à laquelle il ne parlait que par l'intermédiaire de leur réalisateur, généralement pour hurler "qu'on sorte cette femme d'ici"); Irene Dunne, Eddie Lamar ou Bette Davis (qui le découvrant de dos, petit et chauve sur le plateau de leur première collaboration, appela la sécurité pour évacuer l'inconnu).





Charles Boyer, qui ne décrocha jamais d'oscar mais reçut quantité de prix pour ses prestations à Broadway, fit frissonner ses fans de sa voix grave et son phrasé inimitable, pratiquement jusqu'à son suicide par absorption massive de somnifères, deux jours après la disparition de son épouse avec laquelle il resta marié 44 ans. Heureusement pour les amoureux du septième art et du charme gaulois, depuis 1947, Louis Jourdan avait fait son apparition.

Le French Lover étant par essence natif du sud de la France, c'est à Marseille que Louis Gendre vit le jour en 1919, vite intéressé par le cinéma et la Résistance, dans laquelle il s'engagea dès que les nazis envahirent Paris. A la recherche d'un beau ténébreux, Alfred Hitchcock lança sa carrière américaine en 1947 dans "Le procès Paradine" mais ce n'est pas la seule raison qui explique son succès. Alors d'accord, il se vit rapidement remettre le prix de "l'Homme le plus beau du monde" mais Louis avait surtout étudié son Charles, qui lui transmit le flambeau avec une certaine bienveillance, s'assurant simplement qu'il respecte les incontournables de sa nouvelle condition.



Il fut donc que rarement vu sans cigarette, parfaitement habillé en toute circonstance, comme lors de ce nouvel an en compagnie de son épouse Berthe, qui marqua en 49 son entrée dans le grand monde hollywoodien à la résidence du producteur Sam Speigel.



Et il va sans dire qu'il cultiva également un certain goût pour les partenaires féminines de choix : Alida Valli, Brigitte Bardot, Leslie Caron, Joan Crawford, Jennifer Jones ou Maud Adams, tout en restant d'une fidélité exemplaire à son épouse : ils sont à ce jour mariés depuis plus de 60 ans !



Et ce détail est d'autant plus méritant que s'adaptant à son époque, Louis ajouta à sa panoplie séductrice un élément qui ne vint certainement jamais à l'esprit de son illustre ainé : tomber la chemise. Alors que Charles n'allait jamais sans son smoking ou son costume trois pièces, Louis, également inpeccable, ne rechignait pas à s'exhiber en short, voir en maillot mais avec toujours une bonne excuse : une leçon de natation ou une partie de sa grande passion : le croquet.



Retiré des écrans depuis 1992, Louis Jourdan peut se vanter d'avoir non seulement poursuivi l'oeuvre de Charles mais de l'avoir surtout rendue plus moderne, ce dont peut se féliciter Gilles Marini, dont le nom ne vous évoque peut-être pas grand chose mais qui est en passe de reprendre la charge laissée vacante depuis la tentative assez désastreuse de Gérard Depardieu dans les années 90 d'exporter le charme tricolore. Souvenons-nous "Green Card" ou "Bogus".



Voyons un peu : Gilles Marini est né à Grasse ce qui est un point de départ nécessaire et a servi dans l'armée ce qui, depuis Louis, est un plus. Il est également marié et père de famille ce qui est, là encore un trait caractéristique, vous n'avez pas été sans remarquer que le French Lover est un séducteur fidèle. Il a été un peu mannequin et un peu acteur à la télévision, jusqu'à ce qu'une scène de nu intégral dans le film "Sex and the city" lui permette de se distinguer nettement.

Depuis, après une participation à l'émission "Dancing with the Stars" qui l'amena jusqu'en finale, il s'est vu offrir un rôle dans la série "Brothers and Sisters" : il ne devait intervenir que dans 5 épisodes, il est finalement toujours là. Alors bien sûr on peut regretter qu'il ne fume pas, qu'il porte rarement des costumes trois pièces et qu'il n'ait retenu que l'effeuillage comme marque de fabrique mais sachant qu'il est en train de détrôner les escargot et le camembert dans la tête de nos amis américains lorsqu'on évoque la France, nous nous devons de le saluer. Car c'est une façon tout de même plus suave de représenter aujourd'hui notre beau pays.

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