lundi 28 juin 2010

La fin du Quizz


Sous les pavés la plage et sous le chapeau Hildegard Knef s'est peut-être écrié l'Anonyme (Mais est-ce toujours le même ?) qui voit donc, avec retard, son nom en noir sur blanc sur Soyons-Suave cette semaine. Glückwünsche, n'hésitons-nous pas à lancer dans un effort polyglotte car il fallait être capable de reconnaître la deuxième Marlène Dietrich, l'interprète inoubliable de "Mack the Knife", "la plus grande chanteuse sans voix du monde "d'après Ella Fitzgerald (et c'était un compliment) sous le feutre et les grands rebords. Mais Hildegard est tombée. L'Anonyme n'est pas un amateur. Mais au fait : Hildegard ou Hildegarde ? Éclaircissons ce mystère.


Que Kranzler garde son calme, nous parlons bien d'Hildegard Knef, née à Ulm en 1925, qui commença sa carrière sur les écrans dans les années 40 mais dont la popularité grandira après la seconde Guerre Mondiale, l'imposant rapidement comme la première dame du cinéma germanique, comme elle deviendra la grande dame de la chanson d'outre-Rhin à partir des années 60 lorsqu'elle se lancera comme interprète et vendra 3 millions d'albums.

Mais il se trouve que nous parlons également d'Hildegarde Neff, première star allemande à triompher à Broadway en 1954 dans la comédie musicale de Cole Porter "Silk Stockings", adaptation de "Ninotchka" avec Garbo qui deviendra au cinéma "La belle de Moscou" avec Cyd Charisse. Car ces deux femmes sont bien la même, Hildegard et Hildegarde ne font qu'une, et pendant Fraulein Knef faisait scandale en Allemagne en étant la première star à apparaître nue dans "La pècheresse", Miss Neff aiguisait les plumes des commères d'Hollywood en ayant vraisemblablement une aventure avec Gregory Peck sur le tournage des "Neiges du Kilimanjaro".

HildeGard Knef/Hildegarde Neff L'autre Hildegarde

Notre inconnue de la semaine n'était pas schizophrène, elle était simplement allemande, avec un nom allemand, qu'elle transforma légèrement pour plaire aux palais délicats du public anglo-saxon. L'idée ne vint d'ailleurs pas d'elle mais du producteur David O'Selznick, qui dès 1945 voulait faire d'elle une star à Hollywood, à condition qu'elle accepte de se rebaptiser Gilda Christian, ce qu'elle refusa. Elle réfléchit donc à deux fois lorsque Cole Porter lui proposa "Silk Stokings" et décida d'opérer elle-même la transformation. Hildegard devint donc Hildegarde, ce qui ne s'avéra pas une excellente idée puisqu'une autre Hildegarde existait déjà, star de la chanson des années 30 et 40, créatrice de "Darling je vous aime beaucoup" et de "Lili Marlène" aux Etats-Unis.

Quoi qu'il en soit, pour ceux qui maîtrisent mal leur Hildegard, si les films dans lesquels elle a joué restent assez difficilement trouvables en France (ou en français), ses enregistrements sont parfaitement accessibles et, disons-le, assez fascinants. Diseuse peut-être plus que chanteuse, la voix d'Hildegard est, en tout cas, tout ce qu'on peut attendre d'une femme ayant vécu et si ce n'est pas déjà fait, nous vous conseillons de rapidement découvrir quelques unes de ses interprétations. Car vous verrez, alors que vous ne vous en doutiez pas, qu'il peut être suave de vous faire caresser le tympan par un torrent de graviers.

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