jeudi 19 mai 2011

L'autre question suave du jour : diva country et paillettes forment-elles une association harmonieuse ?


Si la diva country ne peut s'envisager sans extension capillaire, il en va de même pour sa garde-robe dont les variations semblent relativement limitées. Dominée par le carreau, on y retrouve en abondance de la dentelle, qui est particulièrement appréciée, souvent soutenue par des volants, là aussi, à foison, le tout accessoirisé de beaucoup de toile denim, veste et pantalon, parfois robe, puisque cette importation française, parfois simplifiée sous le nom de "jeans", rappelle le grand Ouest, les promenades à cheval et les veillées en plein air, arrosées de ragoût de haricots rouges.





Ajoutons des bottes en peau, des gros ceinturons (comme un garçon...) et l'inévitable chapeau : la diva country, prisonnière de codes sans doute retrouvés gravés sur une pierre à Yellowstone, est le plus souvent proche du déguisement et de la caricature.

Heureusement, en 1932, le Tenessee nous offrit Dottie West !


L'histoire de celle qui est considérée comme la plus grande chanteuse country oubliée de tous les temps, ressemble finalement à celle d'une bonne moitié des plus grandes chanteuses country : enfance misérable, famille de 10 enfants, père alcoolique qu'elle finira par envoyer en prison pour viol alors qu'elle n'a pas 18 ans.

Départ difficile donc mais Dottie possède un talent rare, pour le chant et la composition. Là voilà donc partie pour Nashville où elle sympathisera avec Patsy Cline avant de voir une de ses oeuvres devenir un succès par un autre. Profitant de ce début de célébrité, elle signera enfin un contrat, enregistrera un titre qui remportera le Grammy Award de la meilleure prestation country de 1964, faisant d'elle la première femme à recevoir ce trophée. Et cela donne ceci :



Evidemment l'ensemble est encore hésitant, le style capillaire emprunté à d'autres mais ne remarquons-nous pas immédiatement un détail : cela brille. Pour son premier succès, Dottie a opté pour le sequin et c'est révolutionnaire, jusqu'à ce qu'on lui fasse comprendre que ce n'est pas country.

Les années passent, Dottie devient une star et enchaîne les succès, enregistre des duos qui se vendent aussi bien que des Winchester et compose même pour Coca-Cola en 1970 la musique de leur nouvelle campagne publicitaire. Et cela donne cela :



Malheur : des carreaux, des manches brodées, un brushing western : Dottie West est rentrée dans le rang. Elle si prometteuse à ses débuts, la voilà presque banale. Va-t-elle réagir, trouver l'énergie, le courage et le couturier pour arrêter cette mascarade ? La réponse est heureusement oui.

Dans un de ces retournements de situation que seul Hollywood normalement produit, Dottie décida de totalement changer son image et demanda au couturier Bob Mackie, surnommé le Raja des paillettes, l'homme derrière Cher ou Diana Ross, de lui confectionner une toute nouvelle garde-robe. Il en résulta une féerie de lamés, une avalanche de lurex, une orgie de cristaux sans lesquels Dottie ne fit plus une apparition. En 1980, sûre d'elle, elle proposera un album assez hot, country hot s'entend, posera pour le très risqué magazine "Oui" et obtiendra son premier numéro 1. Et ce sera ce qui suit :



Balayage Farrah Fawcett, décolleté Tina Turner, fuseau Cher : la country ne sera plus jamais la même. Dottie continuera en brillant de mille feux jusqu'en 1991, date à laquelle elle quitte l'autoroute la menant à Nashville et s'encastre dans un poteau, non au volant de sa voiture, offerte par Kenny Rogers et tombée en panne mais celle d'un voisin octogénaire, un peu trop heureux de la conduire à un concert.

Dottie West n'est dans aucun Hall of Fame, ses affaires ont été récemment vendues sur Ebay par sa petite-fille mais retenons deux choses : tout d'abord une suave parole "Le shopping est la meilleure des thérapies" et un acte fort suave : elle a réconcilié la country et les paillettes. Dolly Parton la remercie tous les jours.

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