lundi 31 octobre 2011

La fin du Quizz de l'anonyme de 10h04



Bobby Driscoll ! Voici le nom que nous recherchions et que 20100 a donné avant tout le monde. En quelques mois notre gagnant a démasqué Brigitte Bardot, Diana Rigg et Janis Paige ce qui témoigne d'une versatilité à toute épreuve mais qui semble inquiéter certains de nos suaves visiteurs qui commencent à réclamer un test anti-dopage.

Rassurez-vous, puisque nous avons l'honneur de le connaître hors du web, nous pouvons vous jurer que celui qui voit cette semaine son nom en noir sur gris sur Soyons-Suave ne s'adonne à aucune substance illégale. 20100 est simplement suave. Mimi Geron que nous saluons est simplement drôle. Merci à vous, Mimi, d'avoir égayé notre journée avec votre commentaire.


Bobby Driscoll, à l'instar de Jackie Cooper, Dean Stockwell, Freddie Bartholomew et bien entendu, dans un genre plus couettes, Shirley Temple, connut la célébrité très tôt puisque, débutant à 7 ans à la Fox, à 13 ans il recevait déjà un Oscar spécial pour l'ensemble de son oeuvre.

Et quelle filmographie pour quelqu'un qui n'avait pas encore découvert les joies de l'acné : entre ses débuts en 43 et ses triomphes dans "Mélodie du sud" et surtout "Une incroyable histoire" en 1950, il participa à 15 films, en 7 ans, côtoyant, entre autre, Myrna Loy, Lilian Gish, Anne Baxter ou Joan Fontaine.


Il y avait bien sûr eu, avant lui, d'autres enfants stars, mais Bobby Driscoll fut le premier à être pris sous contrat par LE studio qui semblait le plus apte à embaucher un acteur pré-pubère, Disney, bien décidé à diversifier ses productions et sortir du tout animation.

Driscoll fut en fait le premier acteur, tout court, à signer avec la firme de Mickey et la star du premier film "normal" qui établira le studio comme un concurrent potentiel de la MGM, Warner ou Fox : l'adaptation du classique de Stevenson "L'île au trésor".


Après des années passées à côtoyer des crayonnés et des feuilles de papier claque, il était sans doute rafraîchissant pour l'Oncle Walt de pouvoir enfin parler à ses personnages. Et il est évident qu'entre lui et Driscoll eut lieu une sorte de coup de foudre, qui eut pour résultat, non seulement de distribuer Bobby dans tous les films du studio mais surtout de ne plus jamais voir Walt sans Driscoll et Bobby sans Disney.

Propulsée star officielle, Driscoll apparût également dans la première production télévisée Disney, un programme destiné à lancer "Alice au pays des merveilles" et qui eut droit à une couverture médiatique sans précédent. On organisa même une sortie officielle, un "date" entre Driscoll et la jeune prodige britannique Kathryn Beaumont qui prêta sa silhouette et sa voix au personnage d'Alice. Vues aujourd'hui, les photos qui inondèrent la presse sont à la fois adorables et inquiétantes : ils ont 12 ans et semblent pourtant prêts à terminer la soirée dans un bar à cocktails, devant un martini et plus si affinités.




Logiquement, c'est Driscoll qui servit de modèle lorsque Disney mit en chantier "Peter Pan" et, avec Beaumont dans le rôle de Wendy, le studio tenait son Bogart et Bacall, son Gable et Lombard, un couple vedette qui devait simplement être au lit à 20h. Sorti en 1953 et en sélection officielle à Cannes, "Peter Pan" sera un triomphe, totalisant plus d'entrées qu'"Alice" et assurant à Driscoll une popularité énorme.

Ce sera pourtant pratiquement au même moment que Disney décidera de ne pas reconduire le contrat de la jeune star de désormais 15 ans, jugeant que son apparence d'adolescent ne convenait plus à l'image du studio. Etiqueté "acteur Disney", Driscoll se retrouva du jour au lendemain sans travail. Dans une des rares interviews qu'il donnera avant sa mort, il expliquera avoir eu alors l'impression d'être "jeté à la poubelle après avoir bien servi"... oui, c'est à peu près ça.


La suite pourrait être la trame d'un très mauvais téléfilm : décidant de mettre momentanément sa carrière entre parenthèses, Driscoll s'inscrivit dans un lycée d'Hollywood, sombra dans la drogue, fit de la prison, se maria, eut trois enfants en trois ans, quitta tout le monde pour New-York, fréquenta la Factory de Warhol, se découvrit une passion pour les collages avant de littéralement s'évaporer dans la nature.

En 1968, personne n'était plus capable de dire où il se trouvait, ni sa femme, ni sa mère, ni les quelques relations qu'il avait pu garder à Hollywood. De quoi vivait-il ? Mystère. Car si au cours de ses 7 premières années, Driscoll avait tourné 15 films, entre 1950 et 1960 il n'apparaîtra que 2 fois sur grand écran. Et pour le voir, il fallait, soit allumer son poste, soit se reporter à la rubrique des faits divers.



Vers la fin de 1969, la mère de Driscoll contacta les studio Disney afin qu'ils usent de leur influence pour l'aider à retrouver son fils. Le père de Bobby était mourant et souhaitait le voir avant de disparaître. Après de vaines recherches, une de ses empreintes digitales fut communiquée à la police de New-York qui découvrit qu'elle correspondait à celle d'un jeune homme retrouvé mort et sans papier un an plus tôt, le 30 mars 1968. Le corps n'étant pas réclamé, il avait été enterré dans une sorte de fosse commune dans la banlieue de NY.

La fin tragique de Peter Pan ne paraîtra cependant dans la presse que 3 plus tard, lors de la ressortie en salles en 1971 de "Mélodie du Sud". Les médias, désireux de savoir ce qu'étaient devenus les stars du film, découvrirent alors que l'adorable enfant était mort, probablement d'une overdose, dans une ruelle sombre et dans l'indifférence générale. On vous avait prévenu pour le scénario de très mauvais téléfilm...


Tout cela évidemment n'est pas suave du tout et sont encore moins suaves les rumeurs qui persistent encore aujourd'hui d'une relation amoureuse entre Driscoll et Walt Disney, qu'on découvre régulièrement pédophile ou nazi. Élevons-nous au-dessus de tout cela et souvenons-nous que Bobby Driscoll fut plus qu'un enfant star, il fut le seul enfant star que l'on n'a pas envie de gifler tant il est insupportable. Et ça, c'est beaucoup plus suave.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Eh bien ! Quel destin ! J'ai bien fait de refuser de jouer Jacquou le Croquant en 68 ! ;o)
Bruno

TheDivineFeud a dit…

Vous semblez éplucher L.A. Confidential ces temps-ci, cher So-Su !

soyons-suave a dit…

Le hasard donne en effet l'impression d'une série et pourtant, cher Divine, Bobby Driscoll était bien le choix de l'Anonyme de 10h14. Choix parfait par ailleurs :)

soyons-suave a dit…

Bruno, sage décision.