vendredi 21 octobre 2011

La question suave du jour : doit-on vraiment réhabiliter la cape ?


Octobre déclinant et les températures baissant, une question ne va pas tarder à surgir : le duffle-coat soit, la doudoune éventuellement, le trench, bien que fin, bien sûr, mais quid de la cape ? Cela fait d'ailleurs maintenant près de 10 ans que, chaque automne, les esprits s'échauffent sans parvenir à une réponse claire et définitive. Parmi toutes les possibilités offertes afin de résister au froid, la cape est tentante. Mais est-elle suave ?

Il n'est sans doute pas inutile de préciser qu'une cape n'est pas une pèlerine, elle n'a rien à voir avec un manteau et survit fort bien sans capuche. A priori déclinée de "capa", "vêtement" en occitan, elle fut un temps assimilée à la pelisse ce qui n'est plus vraiment le cas et a longtemps été l'apanage des immaculées conceptions, des enchanteurs, des dictateurs de petite taille avec problèmes gastriques et des guerriers crétois. Liste non exhaustive.


Milieux de la mode mis à part, la cape, qui semble appartenir à un passé lointain n'a pas pour autant disparu. On l'aperçoit encore sur des femmes âgées fortement brushées et des octogénaires bavarois. Mais notons malgré tout que ces exemples sont rares et accompagnent la cape d'ornements divers : médailles, plumes, robes blanches, cardinaux, le Vatican : accessoires que nous ne possédons pas tous dans nos placards !

En tout cas, accordons-nous sur un point : pour que cape il y ait, manches se seront absentées. C'est un peu médiéval comme structure, certes, mais c'est catégorique. Une cape n'a pas de bras !


Pourquoi la cape est-elle tentante ? Ayant longuement débattu de ce point en conseil de rédaction, l'équipe de Soyons-Suave est parvenue à établir que le charme de la cape vint d'abord du fait qu'elle offre une possibilité qu'aucun autre vêtement ne permet : se placer sur tous les autres.

On ne termine pas plus sa tenue en enfilant une culotte qu'on ne parfait sa silhouette en boutonnant une chemise par-dessus sa veste de tailleur. La cape éclipse tout. Elle serait l'arme ultime si elle était autorisée comme figure dans une partie de "Pierre-Feuille-Ciseaux". D'ailleurs qu'il y a-t-il sous celles d'Audrey ou Grace ? On ne sait pas, on ne sait plus, on est perdu.


N'est-elle donc pour les vêtements qu'un équivalent du tapis pour la poussière ? Bien sûr que non ! On ne porte pas la cape uniquement pour cacher un trou de mite ou bien pire, un pull à rayures sur un pantalon à carreaux. On la choisit délibérément, parce qu'on la veut, elle et rien d'autre. La cape est bel et bien une déclaration.

Nous en voulons pour preuve le choix que fit Barbara Stanwyck parmi les innombrables modèles proposés lors de sa participation à la campagne Blackglama. Saisit-elle une étole ? Un trois-quart ? Un boléro en jars ras ? Que nenni, elle imposa la cape, impériale, sobre, un rien virile, et nous savons tous pourquoi.


Affirmons-le : porter une cape n'est pas innocent et encore moins anodin, cela ne convient ni aux timoré(e)s ni aux indécis(es). La cape enveloppe parfaitement une personnalité affirmée qui saura en utiliser toutes les ressources.

Car tombante elle saura dévoiler une épaule appétissante ou une gorge n'attendant qu'à être croquée, sur l'épaule à la cosaque c'est une invitation à de joyeuses cavalcades et, bien évidemment, ouverte brutalement c'est un papier cadeau qu'on déchire. Oui, la cape est sexuelle. S'en est même indécent.


Quelques précautions s'imposent tout de même dans le choix et l'utilisation d'un tel vêtement. La couleur, la matière nécessitent une attention particulière, comme n'importe quelle autre pièce nous direz-vous. Pas exactement. Un pantalon en peau est certes un peu rustique, une robe en chanvre un peu datée mais aucun de ces exemples ne passe pour un déguisement ce qui, malheureusement, peut être le cas lors d'une erreur de cape.

Trop opaque et c'est l'envol vers la Transylvanie, trop brillante voire satinée et c'est l'assurance qu'on vous tirera dessus afin de vérifier l'efficacité de vos bracelets à l'épreuve des balles.


Notons enfin que la longueur de la cape n'est pas anecdotique. Elle doit impérativement se choisir en fonction de sa morphologie et être malgré tout conséquente. "J'aime beaucoup ton pashmina". "Mais enfin Jeanine, c'est une cape !" entendait-on récemment. C'est intolérable.

Cape pas franche.

Cape extrême.

Il est grand temps d'apporter une réponse définitive à cette question du jour bien enveloppée. Les suaves visiteurs qui nous suivent depuis le début l'auront compris : évidemment, la cape est suave, il est impératif et une bonne fois pour toute de la réhabiliter et pas uniquement par qu'elle surclasse tout, sait être un appel au sexe et témoigne d'un fort caractère.

La cape est suave car elle est simple (finalement ce n'est ni plus ni moins qu'une couverture avec un lacet) supporte et appelle même l'accessoire, se décline en matières rares qui pourraient faire pleurer l'Argentine et vous permet pour un soir d'être reine de France.




Et si nous ajoutons qu'elle se fait même au crochet, nous aurons, espérons-le, achevé de vous convaincre. Encapez-vous avant qu'il ne soit trop tard. Nous vous aurons prévenu !

5 commentaires:

nouckey a dit…

D'ailleurs a-t-on jamais vu Grace Kelly en doudoune ?

soyons-suave a dit…

Nouckey : la réponse est oui et c'était assez suave d'ailleurs, simplement moins mystérieux :)

charlus80 a dit…

Vous n'êtes jamais là où on vous attend. Mais toujours avec humour, intelligence. Un style et une iconographie impeccables. Même plus de fautes de goût! Vous les transformez en ''vrai chic''.
Vous êtes un vrai petit régal quotidien

soyons-suave a dit…

Mais pourquoi "petit" ?
Baron vous savez que vous êtes notre suave visiteur préféré ? Vous le savez n'est-ce pas ?
Merci à vous, nous sommes pivoine...

Anonyme a dit…

La cape d'accord, mais sans manches, n'en déplaise à Grace. Si je puis me permettre, la cape fut en France remise un certain hiver au goût du jour, peut être à cause de ça :http://www.wat.tv/video/sheila-prince-en-exil-pkw2_2ey2h_.html
;o)
Bruno