samedi 18 janvier 2014

L'idée collection du weekend.

Parce qu'on ne peut pas éternellement décoller des timbres et empiler des boites de camembert, "Soyons-Suave weekend" vous suggère de temps à autre de suaves idées à collectionner, de quoi occuper votre temps libre et épater vos amis tout en restant suave. 












L'idée collection du weekend est en fait une urgence et à vrai dire, nous arrivons déjà bien trop tard. Mais comme la culpabilité nous rongerait comme un écureuil accroché à sa noisette si nous ne le faisions pas, lançons donc ce cri, cet appel, cette prière : ruez-vous sur Margaret Keane ! 

Si vous la connaissez déjà, vous savez que Margaret, toujours bon pied bon œil (surtout bon œil) à plus de 80 ans, est la reine de l'exophtalmie, l'impératrice du globe oculaire démesuré. Si vous découvrez son nom aujourd'hui, sachez qu'elle fut la première artiste de masse du XXe siècle, avant Warhol, avant Tretchikoff, avant Lynch. Margaret Keane fut une star de la litho et du poster, de la reproduction et du "vendu déjà encadré". Et elle est en passe de le redevenir. 























En elles-mêmes, les toiles de Margaret Keane sont absolument déprimantes et nous ne voyons toujours pas (alors que l'Histoire nous donne tort) qui aurait vraiment envie d'avoir le portait d'une petite fille aux grands yeux tristes et larmoyants serrant un chaton aussi réjoui qu'elle au-dessus de la cheminée.  

Dans les années 60, pourtant, le monde s'enflamma pour ses œuvres, qu'on croyait au départ réalisées par son époux jusqu'à ce que Margaret, à la suite d'un procès retentissant, ne prouve qu'elle était réellement l'auteur de ces atrocités curiosités. On créa alors le terme "big eyes" pour la qualifier, cela devint un style, copieusement imité là encore pour des raisons qui nous échappent et Margaret fut propulsée au rang de star et d'amie des stars.


























Car peu avant les sérigraphies d'Andy, on se passionna à Hollywood pour les yeux perpétuellement étonnés de Margaret qui se retrouva à fixer pour l'éternité Joan Crawford (grande admiratrice) ou Natalie Wood, parmi des dizaines d'autres.

Comme influences, Margaret Keane ne cessa de crier Modigliani quand nous susurrons derrière elle Bernard Buffet avec lequel elle partagea une passion coupable pour les clowns. Mais justement, alors que Bernard, dont nous reparlerons, explosa pour finir par écœurer l'hexagone, Margaret ne parvint jamais réellement à conquérir la France, ce qui est un énorme avantage en ce qui nous concerne. Pour l'instant, Margaret Keane demeure encore relativement surprenante dans notre beau pays (quand elle est une référence culturelle évidente chez les anglo-saxons), et encore plus lorsqu'il s'agit de ses œuvres sans larme et sans enfant, qui sont, à notre humble avis, résolument plus suaves.




































Collectionner Margaret Keane nous semble, onéreux, certes, mais encore possible chez nous pour quelques mois, une aubaine que va quelque peu gâcher Tim Burton qui semble enfin avoir mis sur les rails son projet de film consacré au divorce des époux Keane et à l'émancipation de Margaret.

Annoncé depuis pratiquement 10 ans, "Big Eyes" devrait en effet entrer prochainement en pré-production, un film cher au coeur de Tim qui non seulement collectionne les oeuvres de Margaret depuis des années mais avait même offert à sa compagne de l'époque, Lisa Marie, son portrait de la main même de l'artiste.














Si le film se fait, s'il est une réussite, attendons-nous à une déferlante Keane à la surface de la planète qui anéantira toute possibilité de couvrir les murs de son salon de créatures très légèrement manga avant l'heure et qui peuvent à la longue vous rendre légèrement paranoïaque... l'impression d'être en permanence observé n'étant pas des plus agréables.

Donc Margaret c'est maintenant. Nous vous aurons prévenus. 

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec votre remarque sur l'atrocité moindre de ses œuvres sans enfants larmoyants: le portrait de Nathalie Wood capte bien davantage l'attention que le cliché du modèle elle-même...
Pruneauxyz.

Jérôme (moins anonyme) a dit…

je vous félicite de cette abnégation pour vos recherches, pour notre culture!
Que c'est laid...

soyons-suave a dit…

Nous assumerons la mission que nous nous sommes fixés jusqu'au bout.

Jérôme (moins anonyme) a dit…

votre côté soldat, sans doute ou boy-scout...

Dsata a dit…

Sur le même sujet et en lien avec la sortie du film "Bige eyes" de Tim Burton : http://theartofilm.blogspot.com/2014/12/the-big-eyes-joan-crawford-painting.html