lundi 3 avril 2017

La fin du Quizz de Bruno.














Suaves visiteurs, il semblerait que le Quizz soit actuellement dans une spirale infernale : Bruno propose un Quizz que remporte Céline, qui propose alors un Quizz que remporte Bruno, lequel propose un Quizz où brille encore Céline. Le suspense du lundi soir est donc en train de se doubler de l'angoissante question : qui brisera cette dynamique ? Bigre, c'est diabolique. 

En tout cas, Céline voit son nom en noir sur gris cette semaine sur nos pages puisque la délicieuse renversée était bien Ruby Keeler, effectivement au bout du rouleau et épuisée par des heures de répétitions dans "42nd street". Céline, nouvelle médaille. Mais vous reste-t-il encore un peu de place pour l'accrocher ? 



































Sorti en 1933 des studios Warner qui depuis "Le chanteur de Jazz" en 1927, était LE studio des films musicaux, "42e rue" est une sorte de monument, parce qu'il s'agit pratiquement de la première comédie musicale "moderne", parce que le film lancera la carrière de Busby Berkeley et qu'il est un "who's who" du cinéma des années 30, et même une charmante charnière entre le cinéma du début du parlant et ce qu'il adviendra par la suite. 

Pour être plus clair, si on se souvient à peine des têtes d'affiche de "42e rue" : Warner Baxter ? Bebe Daniels ?, comment oublier que le film lança Ginger Rogers (qui quelques mois plus tard allait être présentée à Fred Astaire à la RKO) et le couple de tourtereaux que formaient pour la première, mais pas la dernière fois, Ruby Keeler et Dick Powell ?



































Sur les planches depuis l'âge de 13 ans et mariée à la superstar Al Jolson - Le Chanteur de Jazz, de presque 30 ans son aîné, Ruby Keeler faisait dans "42e rue" ses débuts devant une caméra et le public l'adora. Avec le recul, il est aisé de comprendre pourquoi, aux yeux de ses consoeurs et confrères, Ruby hérita cependant et aussitôt du surnom de "la triple menace" : elle savait modestement chanter, jouait de manière un peu artisanale et dansait en regardant ses pieds. 

Elle-même reconnut que son succès fut littéralement inexplicable. Alors certes, elle s'améliora avec les années mais elle déclara régulièrement qu'il lui était douloureux de regarder ses trois premiers films, c'est à dire un tiers de sa filmographie puisqu'en 1941, elle se retira des écrans, en raison d'un nouveau mari et de l'envie de faire des enfants. Elle en concoctera 4. 






































La petite danseuse de claquettes qui fut un jour repérée par Ziegfeld et n'imaginait jamais devenir une reine d'Hollywood, connut le plus formidable comeback de l'histoire lorsqu'en 1971, Busby Berkeley lui demanda de sortir de sa retraite et de jouer dans la reprise à Broadway du succès de 1925 : "No No Nanette". 

Si Busby Berkeley ne fit en fait pas grand chose, son nom servant à garantir une publicité que les producteurs laissaient entièrement reposer sur une certaine nostalgie, Ruby, elle, remit ses chaussures et à plus de 60 ans, assura 8 shows par semaine pendant 861 représentations. 



















Les cérémonies de remise de prix ne furent pas très sympathiques pour Ruby qui, acclamée tous les soirs, ne reçut pas même l'ombre d'une nomination, alors que ses collègues repartaient des Tony les cabas pleins.

Mais un appel de la société Blackglama remit les choses dans l'ordre. Après Judy Garland, Bette Davis ou Joan Crawford, elle allait être le nouveau visage du fabriquant de visons qui, pour vendre ses manteaux, ne faisait appel qu'à des légendes. Profitant pleinement de ses dernières années, Ruby disparut en 1993 à l'âge de 83 ans, le même jour que Lilian Gish, ce qui est, comme tous les détails inutiles, absolument renversant.

Non ?


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